MERDE À L'ÉCOLOGIE
Les défenseurs de la planète imposent morale et culpabilité
contre la liberté de l'individu.
Jusqu'à maintenant, l'écologie, je m'en foutais complétement. La fonte des glaces,
les oursons qui se noient, la couche d'ozone poinçonnée de partout,
l'avenir de mes petits-enfants irradiés et la nourriture pesticidée...
Sincèrement je dormais bien avec...
Puis l'écologie nouvelle est arrivée, l'écologie majuscule, la sérieuse, celle qui pèse en politique, celle sans qui l'apocalypse serait pour demain matin. Je suis resté sur mes positions, je me suis rapproché des zones industrielles, j'ai mangé du maïs muté,
j'ai bien senti que je n'étais plus aussi libre de mon inconséquence, l'écologie on n'avait plus le droit de s'en foutre.
Pourquoi? Parce que la morale.
Pris entre les mâchoires du bien et du mal, le destin de l'inconséquent est d'être
mastiqué. L'écologie l'a bien compris, la morale est une arme de construction massive.
Elle se désigne désormais comme l'incarnation du bien commun (qui se définit comme le bien que l'individu ressent mal). Incarner le bien commun impose des concessions à la tolérance et un détour obligatoire par les chemins de la culpabilité. Le culpabilisateur laïque est la grande figure du monde contemporain. Il a récupéré l'arme du religieux la plus nocive. La faute individuelle engage le reste du monde.
L'écologie applique le mëme système de culpabilisation de l'individu, une vraie pandémie d'hyper-responsabilisation qui écrase l'homme aspirant à l'humilité de n'être toxique que pour lui-même. Dieu a-t-il écrit sur les tables de l'Arche d'alliance "Tu ne pollueras point ta planète"? Non. Donc, pas de zèle...
Les avez-vous bien regardés, ces protecteurs de notre avenir, ces flics sans uniforme qui radarisent notre liberté? Ce ne sont pas seulement des soixante-huitenaires, mais des jeunes gens concernés, énergiques, qui pour nous sauver sont prêts à nous pourrir la vie.
Ils ne font pas peur, ils sont séduisants pour la plupart, rarement gros, rarement barbus,
rarement de droite. Des braves gens.
Moi, ils m'attristent ces concernés par le futur. Verts de trouille, les écolos, comme si nous la menacions, la nature. J'ai lu qu'a Tchernobyl, poussaient des champignons noirs qui transformaient les radiations en substance organique, qu'une requine blanche, dans
un zoo, célibataire depuis trois ans avait accouché d'un bébé requin sans père. Un clone spontané. La faible nature.La fragile qui nous attendu cinq milliards d'année pour rendre son dernier soupir. Elle doit bien rire de notre minuscule toxicité, la vieille infectée, immunisée à mort, par ses anticorps humains. J'ai toujours pensé que c'était elle qui nous polluait, pas l'inverse.
Voilà en tant que citoyen irresponsable, je sais que mon avenir est sans lendemain.
Coupable de sérénité. J'inhale à plein poumon les gaz de ma planète. Au bout du compte,
il se pourrait que l'air pollué soit le dernier air respirable.
Antoine Senanque, écrivain, médecin spécialisé en neurologie, licencié d'histoire à la Sorbonne
Sources: Le monde Sciences "Dossiers et documents" Janvier 2010