CIORAN
Qu'elle a été grande, la France! De l'individualisme et du culte de la liberté pour lesquels, autrefois elle a versé son sang- elle n'a retenu, dans sa forme crépusculaire, que l'argent et le plaisir... Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de la décadence est inséparable de la gastronomie...
Cioran, De la France, éd l'Herne, mars 2009.
omar Yagouboe (Chants de rétention)
Omar Yagouboe, chants de rétention pour les enfants nés dans ces lieux...
http://www.dailymotion.com/video/xbdy8g_chants-de-retention-1-et-2_music
CRA : Centre de Rétention Administrative
Historique :
Les CRA ont été officiellement créés le 29 octobre 1981 : alors que François Mitterrand vient d’être élu, la loi légalise et organise la rétention administrative[4]. Cette institutionnalisation de lieux de privation de liberté qui ne dépendent pas de l'administration pénitentiaire fait suite à la découverte, à Marseille en 1975, de la prison clandestine d’Arenc, contrôlée par la police, où étaient séquestrés des travailleurs immigrés en instance d’expulsion. Depuis 1964, la police y exerçait son autorité sans aucun contrôle judiciaire, sur la seule base d’un règlement de police de 1938 autorisant l’internement des étrangers sans-papiers[5].
Les CRA de Vincennes, qui pouvaient accueillir jusqu'à 280 personnes, ce qui en faisait le plus grand ensemble de France, ont été détruits dans un incendie volontaire en juin 2008, suite au décès d'un retenu tunisien, âgé de 41 ans, qui serait mort de crise cardiaque[6].
Article connexe : Liste des centres de rétention administrative en France.
(Sources: Wikipédia)
http://www.dailymotion.com/video/xbdy8g_chants-de-retention-1-et-2_music
La vie d'un fakir (détail)
Ahmad Shamlou (1925, poète Iranien)
ALLÉGORIE
Vivre
Dans un cri,
- L'élan révolté d'un jet d'eau
Enchainé à la terre
Qui expérimente
La liberté-
Et puis mourir
Avec magnificence
Au sommet du jet d'un cri,
-La terre
T'engloutit
Comme une sorcière carnivore
Pour s'enrichir de ta vie ;
Car depuis toujours
Les martyrs, les révoltés
Ont été des amis,
Des aimants ;
Féconds,
Fécondants; -
Retomber sur terre
En pluie d'abondance:
Ainsi meurt
un jet d'eau.
Mais si ton destin est une mort médiocre,
Tel un petit ruisseau,
La terre
Se mêlant à toi
Deviendra fange.
Sois un cri
Et monte aux nuages ;
Sinon
C'est le marécage.
Ahmad Shamlou, Hymnes d'amour et d'espoir éd Orphée La Difference, mai 1994.
Poète Iranien né en 1925 à Téhéran
RENÉR CHAR
"IMPOSE TA CHANCE, SERRE TON BONHEUR
ET VA VERS TON RISQUE.
A TE REGARDER, ILS S'HABITUERONT."
René Char (Rougeur des matinaux)
Philippe Soupault
CONSEILS AU POÈTE
Sois comme l'eau
celle de la source et celle des nuages
tu peux être irisé ou même incolore
mais que rien ne t'arrête
pas même le temps
Il n'y a pas de chemins trop longs
ni de mers trop lointaines
Ne crains ni le vent
ni encore moins le chaud ou le froid
Apprends à chanter
sans jamais te lasser
murmure et glisse toi
ou arrache et bouscule
Bondis ou jaillis
Sois l'eau qui dort
qui court qui joue
l'eau qui purifie
l'eau douce et pure
puisqu'elle est la purification
puisqu'elle est la vie pour les vivants
et la mort pour les naufragés
Philippe Soupault ( Pierre Seghers éditeur, 1957)
Bockhorni Bernard Fier d'être bohémien
Ce texte en passage vu sur le blog d'Orlando De Rudder
Bockhorni bernard Nancy
Fier d’être bohémien
Dans ton regard, vois tu étranger !
Je ne lis que haine et mépris
Pour ce peuple errant, dont je fais partie.
Quelque soit mon chemin, quelque soit mon destin
Quelque soit la raison de tes arrogants refrains
Si ma frontière s’arrête au portail de ton jardin
Sache que je serai toujours fier d’être bohémien
Entre ciel et terre vagabondera toujours la roulotte d’un circassien.
Toi qui installe barbelés, rochers, creusant mille tranchées,
Empêchant les familles de gitans de se reposer
Offrant l’accès de ton champ à de jeunes paumés
Pour quelques fêtes de damnées,
Que dieu te pardonne de tes choix insensés
Qu’il t’absoude de tes absurdes préjugés.
Blasphémateur de ce peuple sans cesse décrié
Lui prêtant tous les maux de tes ennuis cachés
Préférant jadis
Le pas claquant des bottes allemandes sur la chaussée mouillée
Aux bruits lointains d’une roulotte glissant silencieusement sur les pavés,
Que dieu te garde de tes tristes pensées.
Cependant, qu’il ne gomme jamais nos différences tant rappelées.
Ce que l’histoire feint d’oublier,
Faute d’historiens peu intentionnés,
C’est le courage et la vaillance de nos aînés
Tombés également sous les obus pour votre liberté.
Ou sont élevés les monuments à la gloire de ces tziganes français disparus ?
Où sont rendus les honneurs à ce peuple exterminé au nom de la fraternité ?
Faut t’il n’être que juif, musulman, pour obtenir reconnaissance de la nation ?
Un tzigane tombé sous les feux de l’ennemi pour la patrie n’est t’il pas un humain?
Dans les wagons de Drancy, les bohémiens étaient t’ils installés en première classe ?
Toi peuple martyr, compagnon de souffrance priant au fond de ta synagogue,
Pourquoi ne pas relever cette imposture immonde ! Cette injustice fragrante !
Pourquoi t’adjuger égoïstement toutes commémorations du souvenir !
Intellectuelles ! Philosophes ! Affairistes puissants ! Politicien dominant !
Mon peuple lui ne possède que sa foi pour faire valoir sa noble cause.
Combien de temps encore devront nous payer le prix de votre silence
pour que soit enfin reconnu le sacrifice de nos anciens.
Peuple tzigane, tant honni, tant vilipendé, que tes saintes prières étouffent les cris de tes ennemis soufflant sous ton feu de joie pour te brûler de ses cendres.
Si seule, la beauté de nos femmes et la mélodie de nos chants
Ne sont qu'à l'honneur dans ce bas monde,
Que dieu nous garde un jour de marier nos enfants à de telles gens.
Bockhorni Bernard
Psaume 73 (extrait)
La justice finale.
Psaume. D'Asaph.
Mais enfin, Dieu est bon pour Israël,
pour les hommes au coeur pur.
Un peu plus, mon pied bronchait,
un rien, et mes pas glissaient,
envieux que j'étais des arrogants
en voyant le bien-être des impies.
Pour eux point de tourments,
rien n'entame leur riche prestance;
de la peine des hommes ils sont absents,
avec Adam ils ne sont point frappés.
C'est pourquoi l'orgueil est leur collier,
la violence, le vêtement qui les couvre;
la malice leur sort de la graisse,
l'artifice leur déborde du coeur.
Ils ricanent, ils prônent le mal,
hautement ils prônent la force;
leur bouche s'arroge le ciel
et leur langue va bon train sur la terre...